SOIN

Parodontologie

Tout d’abord, qu’est-ce que le parodonte ?

Ce sont tout simplement les tissus de soutien des dents, à savoir : la gencive, le ligament (qui relie la dent à la gencive et à l’os), l’os alvéolaire, et le cément (fine couche de tissus durs longs de la racine).

Le parodonte humain est le siège d’un équilibre instable entre les défenses de l’hôte (le patient) et la masse microbienne (bactéries et micro-organismes).

Cet équilibre peut être facilement rompu, soit par une altération des défenses, soit par une modification quantitative ou qualitative de cette masse microbienne.

Que se passe-t-il lorsque cet équilibre est rompu ?

Le premier stade de la maladie parodontale est marqué par une inflammation de la gencive, elle gonfle, elle devient rouge et lisse (alors que normalement elle est rose pâle et piquetée). Le signe le plus évident  de l’inflammation de la gencive : c’est qu’elle se met à saigner facilement. Soit lors du brossage (s’il est efficace), soit lors d’une petite stimulation (avec un bâtonnet interdentaire par exemple). C’est la GINGIVITE.

C’est le plus souvent une hygiène défaillante et l’accumulation de plaque dentaire qui est à l’origine de cette gingivite.

Un saignement répété des gencives est ANORMAL, et s’il persiste, il faut consulter.

En effet c’est une pathologie facile à traiter, et prise à temps, elle ne laissera pas de séquelle.

Cette gingivite concerne 1 français sur 2 et dans 1 cas sur 2, cette gingivite finit par s’aggraver.

La gingivite va se transformer en parodontite

Sous la pression de l’inflammation, le système qui attache la gencive à la dent et à l’os va céder, et une poche va se former, c’est ce que l’on appelle une poche parodontale. Cette poche peut devenir très profonde (jusqu’à 8-9 mm) et au sein de cette poche, les bactéries vont pouvoir se développer, et bénéficier d’un écosystème favorable. En l’absence d’oxygène, les bactéries anaérobies vont devenir dominantes. Ces bactéries vont s’organiser et coloniser la surface de la racine, ce qui formera par la suite le tartre sous-gingival (qui lui est noir).

L’inflammation qui résulte de ce développement bactérien est tellement importante, que l’os qui soutient les dents va se résorber, comme s’il fuyait cette attaque microbienne. Ce sont nos propres cellules (les ostéoclastes) qui se retournent contre l’os et vont le détruire. La parodontite est presque une maladie auto-immune.

Cette perte osseuse se fait insidieusement, le plus souvent sans douleur, parfois avec un abcès parodontal qui peut se résorber spontanément. C’est une maladie chronique, qui peut s’étaler sur des années.

Mais il faut savoir que cette perte osseuse est malheureusement IRRÉVERSIBLE, et que sans traitement elle peut conduire à la perte spontanée de toutes les dents. C’est ce que l’on appelle communément le déchaussement dentaire.

Une mauvaise haleine est très fréquente dans un cas de parodontite.

On estime que 25 % des Français souffrent de parodontite.

Quelles sont les conséquences sur la santé générale ?

Peu connues des Français, les maladies parodontales constituent pourtant des pathologies sérieuses et fréquentes qui peuvent entraîner de graves conséquences. Elles sont en effet responsables de près de 40 % des extractions dentaires, et peuvent être à l’origine de complications sérieuses sur la santé générale du patient.

En effet, des débris de bactéries présentes dans la poche parodontale (les lipopolysaccharides) vont passer dans la circulation sanguine et vont entraîner une inflammation chronique qui favorise l’apparition d’autres maladies plus générales.

4 liens sont à ce jour formellement démontrés (source):

  • Un patient atteint de parodontite a 2 fois plus de risque de développer un diabète de type 2 (réciproquement un patient diabétique a 4 fois plus de risque de développer une parodontite). Près de 4 millions de Français sont atteints d’un diabète de type 2.
  • Une patiente atteinte de parodontite a 8 fois plus de risque d’accoucher prématurément, ou d’un bébé de faible poids. Les maladies inflammatoires (dont fait partie la parodontite) seraient responsables de 40 % des accouchements prématurés.
  • Un patient atteint de parodontite a 2 fois plus de risque de souffrir d’une affection respiratoire chronique (BPCO : Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive, cinquième cause de mortalité dans le monde).
  • Un patient atteint de parodontite a 2 fois plus de risque d’avoir un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) ou un Infarctus. Lorsque l’on a une parodontite, le risque de décéder d’une maladie cardio-vasculaire dans les 10 ans est multiplié par 4.

Selon une étude de DeStefano sur 20749 sujets, en 1993, le risque de mortalité globale était augmenté de 50% dans une population américaine mixte (25-74 ans) atteinte de parodontite. La mortalité augmente de 50% par tranche de 20% d’augmentation moyenne de perte osseuse.

Des liens sont encore à l’étude, mais il y de très fortes présomptions que les parodontites jouent un rôle dans la survenue de la polyarthrite rhumatoïde, de certains cancers, et même de la maladie d’Alzheimer.

En 2013, l’Université du Lancashire au Royaume-Uni a publié une étude incroyable. Ils ont étudié les cerveaux de 20 patients dans les 12 heures qui suivent leurs décès. Il y avait 10 patients atteints de la maladie d’Alzheimer, et 10 patients non atteints. À leur grande stupéfaction, ils ont trouvé dans 4 des cerveaux des patients souffrant de maladie d’Alzheimer, des lipopolysaccharides de dégradation de Porphyromonas gingivalis. L’une des principales bactéries en cause dans les parodontites.

Il s’agit donc d’un véritable problème de santé publique.

Quelles sont les causes de la parodontite ?

C’est une maladie multifactorielle, et l’on ne sait toujours pas exactement comment et pourquoi la gingivite va évoluer en parodontite, mais ce qu’il faut retentir, c’est que sans micro-organismes, il n’y aurait pas de maladie.

Néanmoins, plusieurs facteurs ont clairement été identifiés :

  • Une hygiène bucco-dentaire déficiente (facteur principal de la gingivite)
  • le tabac (risque multiplié par 14 selon certaines études)
  • le stress
  • une mastication altérée (10% de parodontite en plus pour chaque dent absente non remplacée)
  • une hyposialie (diminution du débit salivaire, attention aux antidépresseurs, et autres anxiolytiques qui entraînent souvent cet effet secondaire). La salive joue un rôle très important dans la ligne de défense contre les micro-organismes.
  • Le diabète (risque multiplié par 4, et il est démontré que soigner la parodontite d’un diabétique permet de mieux contrôler sa glycémie)
  • l’obésité (et/ou une alimentation trop riche en graisse)
  • un Reflux Gastro-Oesophagien (RGO : remontées acides de l’estomac, qui va modifier la flore buccale par baisse du pH)
  • les problèmes ORL peuvent entraîner une respiration buccale (le nez est bouché), et donc une hyposialie nocturne
  • une hypothyroïdie
  • un déficit en Vitamine D (au moins 1/3 des Français est en déficit)
  • un déséquilibre lipidique (hypercholestérolémie en particulier)
  • toutes les pathologies avec baisse de l’immunité (Neutropénies, SIDA, Chimiothérapies, etc…)
  • la ménopause (sûrement liée à la baisse des œstrogènes)
  • un traitement aux bi-phosphonates, traitement de l’ostéoporose et de certains cancers (lien non démontré à ce jour, mais fortes présomptions)
  • Un facteur génétique prédisposant a été identifié (allèle codant pour une surexpression de l’IL-1: test PST), mais il est peu prédictif (de nombreux patients porteurs de ce gène ne développent pas la maladie, donc la parodontite n’est pas une fatalité).

C’est pourquoi il est fondamental d’insister sur l’importance de la prévention dans la prise en charge de ce type de maladies. Il est en effet indispensable d’agir avant la survenue de l’infection, car le parodonte ne se régénère pas.

Comment traite-t-on les parodontites ?

Le traitement des parodontites est réalisé en plusieurs étapes.

Bilan prophylactique : au cours de cette première consultation, le praticien va effectuer un diagnostic précis basé sur des examens impliquant un test salivaire pour mesurer l’acidité de la salive, son débit, son pouvoir tampon, éventuellement un test bactérien pour identifier les microbes pathogènes. En outre, un questionnaire est mené auprès du patient pour connaître ses habitudes alimentaires, et ses méthodes de brossage.

Cette étape va aussi permettre au patient de devenir acteur de son propre traitement, la maîtrise de la plaque dentaire au quotidien est la clé du succès.

Traitement mécanique : il réunit des méthodesclassiques impliquant un détartrage, une pulvérisation de bicarbonate et de sels et un polissage des dents atteintes.

Surfaçage radiculaire : cette technique consiste à intervenir directement au niveau des racines pour éliminer les toxines et les contenus bactériens via des instruments ultrasonores. Cette intervention permet de nettoyer la poche parodontale et va permettre à la gencive de ré-adhérer à la dent.

Traitement chimique : dès le début du traitement le patient va utiliser des pâtes (à base de bicarbonate et d’eau oxygénée) et des antiseptiques. Lors du surfaçage dans les séances qui suivent, la gencive va être irriguée, puis rincée avec de la povidone iodée, un puissant antiseptique. Et dans certains cas une antibiothérapie ciblée viendra compléter le traitement.

Retour à la liste de soins

Voir tout les soins